L’empreinte environnementale du numérique
Veillez-vous à la performance environnementale de vos appareils et pensez-vous à recycler les anciens appareils ? Ces petits gestes du quotidien peuvent s’intégrer dans un effort global visant à minimiser l’empreinte environnementale du numérique. C’est important, car le numérique a un coût réel. La production et l’élimination des appareils électroniques contribuent en effet aux émissions de gaz à effet de serre, à la génération de déchets dangereux, mais aussi à la consommation de ressources naturelles.
Heureusement, mieux comprendre cet impact environnemental permet de mettre en place une amélioration continue des pratiques et des usages. In fine, il devient possible d’utiliser le numérique de manière aussi efficace que responsable.
L’empreinte environnementale du numérique : une réalité sous-estimée
Si le transport ou l’agriculture sont cités comme des sources de gaz à effet de serre, l’impact environnemental du secteur numérique est parfois, à tort, sous-estimé.
Les différentes composantes de l’empreinte carbone du numérique
L’empreinte environnementale du numérique peut s’expliquer par divers facteurs tels que :
- La consommation électrique des data-centers : Les centres de données en France consomment chaque année 5,15 MWh d’électricité par ㎡. Un centre d’une superficie de 10 000 ㎡ consomme donc autant qu’une ville de 50 000 habitants1.
- Production, utilisation et fin de vie des produits : De la conception à leur recyclage, les produits numériques ont un impact significatif. Ainsi, 20 millions de tonnes de déchets sont produites chaque année au niveau national sur l’ensemble du cycle de vie des appareils2.
- Pollution des emails, du streaming et du cloud : L’ensemble des usages du numérique a un impact notable sur l’environnement. En moyenne, un employé envoie par exemple 30 mails par jour, soit 300 kg de CO2 chaque année3.
Chiffres et faits marquants
Comme nous pouvons le constater, l’impact du numérique est multiforme. Pour se rendre compte des aspects environnementaux liés à son usage, voici quelques chiffres permettant de prendre du recul et de mieux visualiser la situation actuelle.
Le numérique représente 3,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre4. Cela peut sembler minime par rapport au 24% du transport ou aux 19% de l’industrie et de la construction5. Toutefois, réduire les émissions de gaz à effet de serre du numérique est essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique.
Réduire l’impact négatif du secteur est d’autant plus important que ses émissions de carbone sont en constante augmentation. L’ADEME (Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) nous apprenait ainsi en 2022 que cette empreinte devrait doubler d’ici 20256.
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1hellio, Zoom sur la consommation énergétique d’un data center, 2023
2Ademe, Numérique : quel impact environnemental ?, 2022
3Slack, Tout savoir sur la pollution mail, 2022
4Ademe, Numérique responsable : Et si nous adoptions les bons réflexes ?, 2022
5Statistiques développement durable, Répartition sectorielle des émissions de CO2 dans le monde, 2022
6op cit.
Les causes de l’augmentation de l’empreinte du numérique
Si la pollution causée par le secteur du numérique est entendue, il est bon d’essayer de comprendre les causes qui la favorisent. Trois causes principales doivent être évoquées.
L’obsolescence programmée
Le premier facteur qui entraîne une augmentation progressive de l’impact environnemental du numérique est l’obsolescence programmée. Cette dernière a été définie dans l’article 99 de la loi n°2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance comme “ l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement.7”
Or, ces remplacements réguliers sous la pression des constructeurs ont un coût certain. En 2020, déjà, l’Organisation des Nations Unies déclarait dans un rapport que 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques avaient été produites en 2019. Cela illustre une hausse de 21% en cinq ans8.
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7Ecologie Gouv, Durée de vie des produits, 2021
8Nations Unies, Les déchets électroniques ont augmenté de 21% en cinq ans (ONU), 2020
L’augmentation exponentielle des données
La datafication désigne une tendance technologique transformant de nombreux aspects de la vie en données, permettant de créer de la valeur. Tout est digitalisé, des milliards de données intègrent des data centers. Or, l’énergie utilisée par un centre de données est importante tout comme l’eau nécessaire à son fonctionnement. Ainsi, en 2022, un journal néerlandais déclarait qu’un data center dans le pays consommait 84 millions de litres d’eau chaque année9.
La digitalisation, c’est aussi le streaming par exemple qui occupe 80% de la bande passante sur internet et émet 100 millions de tonnes de dioxyde de carbone, chaque année10.
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9Noordhollands Dagblad, Datacenter Microsoft Wieringermeer slurpte vorig jaar 84 miljoen liter drinkwater, 2022
10France Inter, Le streaming : une pollution numérique aux multiples visages, 2022
La culture de la consommation
Enfin, la dernière cause incontournable est la demande constante de nouveaux produits technologiques. Cette dernière s’illustre tout d’abord par le besoin de développer des innovations. La 5G ou l’intelligence artificielle regorge de possibilités passionnantes, mais sont malheureusement aussi à l’origine d’une augmentation considérable de la pollution issue du numérique.
Les consommateurs jouent d'ailleurs un rôle essentiel dans l'accroissement de cette pollution. Ils sont 55% à déclarer souhaiter prendre en compte l’impact environnemental de la production lors d’une décision d’achat, mais ils sont aussi 73% à déclarer qu’un prix élevé les dissuade d’acquérir des produits durables11. Si cette tension est compréhensible, il est nécessaire d’en venir à bout pour agir concrètement pour protéger la planète.
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11Ecommerce Mag, 61% des consommateurs plus sensibles aux critères de développement durable, 2021
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Quelques solutions pour réduire l’empreinte environnementale du numérique
Si nous voulons répondre collectivement au défi de la transition écologique, il est nécessaire de comprendre l’impact de différents secteurs. L’objectif n’est pas de culpabiliser, mais d’informer et de sensibiliser.
En comprenant mieux l’impact énergétique des appareils, il est ensuite possible de réduire son empreinte carbone en adoptant les bonnes pratiques.
Trois pistes peuvent permettre à terme de réduire l’empreinte carbone du numérique :
- L’éco-conception logicielle et matérielle : La première étape est de se concentrer sur l'écoconception des produits. Pour ce faire, les entreprises doivent intégrer dès la conception l’impact environnemental pour le minimiser tout au long du cycle de vie du produit. Ainsi, les appareils peuvent avoir une consommation d’énergie inférieure et être conçus avec des matériaux recyclables ou les datacenters faire appareil à une énergie renouvelable.
- La sobriété numérique : Les utilisateurs peuvent aussi agir en misant sur la qualité plutôt que la quantité, utiliser plus longuement les produits avant de les remplacer, réduire l’utilisation des services de streaming ou opter pour des services de cloud computing plus efficients. L’Ademe a d’ailleurs publié un guide sur la sobriété numérique.
- Le rôle des politiques publiques : Enfin il est évident qu’une politique environnementale est essentielle pour agir au niveau global. En imposant des normes environnementales aux équipements électroniques, en facilitant le recyclage et la réparation ou en incitant les entreprises à adopter des pratiques plus durables, les gouvernements peuvent être au cœur de la transition écologique.
Un défi commun qui nécessite une implication de tous
En résumé, l’empreinte environnementale du numérique concerne les consommateurs, les entreprises et les gouvernements, car nous dépendons tous du numérique et nous avons tous un rôle à jouer. Dans cet article, nous avons étudié l’impact du secteur sur le réchauffement climatique, mais nous avons aussi listé un ensemble de bonnes pratiques qui peuvent nous aider à concilier le confort et la performance du numérique à la durabilité et la protection de l’environnement.
👉 Pour aller plus loin, 11 astuces pour réduire son empreinte écologique.